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Universités publiques turques en galère

Dès notre arrivée à Istanbul, nous sommes frappés par l'hospitalité et la gentillesse des Turcs dans la rue, même envers les touristes que nous sommes. Les habitants ont le sourire, la ville est vivante et respire la joie de vivre: un véritable contraste avec la crise économique qui fait rage, comme si cette attitude représentait un palliatif à la dure période que la Turquie est en train de traverser. Nous aimerions raconter des contes de fées et dire combien la vie est belle dans tous les pays que nous traversons, mais dans le cas présent, ce serait manquer d'objectivité.

Les étudiants que nous rencontrons font partie de la catégorie favorisée de la population, favorisée dans le sens où seule une minorité de jeunes accède à des études universitaires. A la sortie du lycée, tous les candidats doivent passer un examen national particulièrement sélectif: seuls 300.000 reçus sur 1,5 millions, soit 20% des candidats. Un véritable concours en réalité, avec un certain nombre de places prédéterminées. En effet, les universités manquent cruellement de capacités d'accueil, la population jeune et surtout le nombre de candidats aux études ayant beaucoup augmenté en peu de temps.

D'ailleurs, depuis une dizaine d'années, les universités privées anglophones florissent en Turquie, surtout à Istanbul et Ankara. En règle générale, les meilleurs étudiants continuent à préférer les universités publiques. Il faut dire que le coût des études y est beaucoup moins élevé. A part pour la médecine qui coûte plus cher, il est environ de 300$ par an. Et encore, seuls 10% des étudiants dans le public les payent réellement. Les 90% restant bénéficient d'une avance de l'Etat, qu'ils ne remboursent qu'après avoir décroché leur premier emploi. Pour accéder à une université privée, il faut en revanche débourser entre 3.000 et 10.000$, et les bourses sont rares.

Les universités privées sont encore jeunes et ne semblent pas bénéficier d'un grand crédit au sein de la population turque. Deux d'entre elles ont cependant réussi à se forger une très bonne réputation, Koc University à Istanbul et Bilkent à Ankara. Pour séduire les étudiants, ces établissements offrent des conditions d'études quasi idéales, attirent les meilleurs professeurs, et notamment des chercheurs étrangers, en leur offrant un salaire plus alléchant que l'Etat, tissent des liens avec les entreprises pour assurer le plus de débouchés possibles aux diplômés.

Özgur et Önder, étudiants à l'université publique de Marmara, à Istanbul, université réputée, semblent les considérer avec une certaine rancoeur, voire jalousie. Pour rentrer dans ces universités privées, les résultats à l'examen d'entrée ne comptent pas tant que les revenus financiers. Malgré des résultats parfois moins bons au départ, ils ont au final plus de chances de trouver des emplois bien rémunérés. Ozgur et Önder se plaignent de devoir travailler beaucoup plus sans pouvoir être sûr d'avoir un salaire correct à la sortie.

Pour cause de manque de moyens, de places, d'équipements, de professeurs, les universités publiques se trouvent donc en sérieuse concurrence avec le secteur privé. Si celles-ci ne rattrapent pas leur retard, la Turquie risque de connaître de manière durable un système universitaire à deux vitesses: de bonnes conditions d'enseignement pour les plus riches, de mauvaises pour les autres.

De quoi mettre sérieusement en danger un système qui se veut méritocratique à l'origine. Cependant, sur 660.000 étudiants au total en Turquie (en premier et deuxième cycles), les 19 universités privées n'en accueillent pour le moment que 20.000, soit 3%, ce qui permet de relativiser. Et celles-ci ne sont pas autorisées à recruter leurs étudiants autrement que par l'intermédiaire de l'examen d'entrée national.

Quand à ceux qui ne sont tout simplement pas reçus à l'université, ils retentent souvent leur chance les années suivantes. Autre solution: chercher du travail, certes, mais gagner sa vie semble particulièrement difficile aujourd'hui en Turquie. En effet, nos discussions avec les étudiants, se suivent et se ressemblent dans le registre du pessimisme: depuis des années, les salaires n'ont jamais été aussi bas, les emplois jamais aussi rares. Quasiment tous souhaitent partir, au moins étudier, voire travailler à l'étranger.

Özgur étudie la finance et Önder le management. Lorsqu'ils ont commencé leurs études à l'université de Marmara, le salaire moyen des diplômés de leur département s'élevait à 2000$ par mois. Aujourd'hui, il n'est plus que de 500$. En fait, la situation n'est devenue réellement critique que cette année. Jusqu'en l'an 2000, les diplômés pouvaient trouver de bons débouchés. Mais la crise qui a frappé toute la Turquie en 2001 a été fatale. Douze banques turques ont fait faillite, sur 22 au total. L'éducation semble donc moins que jamais un poste prioritaire pour le gouvernement turc, qui doit d'abord s'efforcer de redresser le pays.

 

Les principales critiques d'Özgur et Önder vont au système éducatif en général, et surtout à cet examen d'entrée si déterminant. Avant l'examen, le candidat fait connaître un certain nombre de choix hiérarchisés, concernant les universités et la filière dans lesquelles ils souhaitent étudier. Une fois l'examen passé, plus possible de revenir en arrière. Non seulement vos résultats décident si vous pourrez étudier, mais ils déterminent aussi la qualité de l'université à laquelle vous pourrez accéder et la filière dans laquelle vous rentrerez. Si par malheur vous vous rendez compte que vous n'êtes pas fait pour cette filière, impossible de changer sans repasser l'examen de A à Z. "Tout notre avenir dépend de 3 heures d'examen", conclut Özgur.

En Turquie, l'avenir semble se préparer dès le plus jeune âge, toujours en vue de ce fatal examen: il s'agit d'entrer dans la meilleure école primaire, le meilleur collège (également précédé d'un examen d'entrée national), le meilleur lycée. Pour mettre toutes les chances de son côté, il est même fortement recommandé d'assister à des cours de préparation privés, pendant le week-end, les vacances... et qu'il faut, une fois de plus, pouvoir s'offrir. Un système à l'origine étatique et centralisé, mais progressivement en voie de privatisation

Chacha

 



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