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ADRIAN

Derrière ses grands yeux en amandes, cheveux longs gominés, plaqués vers l’arrière, la barbe soigneusement taillée, bottes de cuir et petit pantalon serré, Adrian s’inscrit dans ces images d’épinal que l’on se crée des chanteurs latins de cabaret. Le regard profond, il est pourtant loin des airs joyeux que l’on chantonne dans les tavernes... « Je ferais n’importe quoi pour partir d’ici, de Roumanie. Pour réaliser mes envies, faire ce pour quoi je suis fait. »

A peine un pied posé dans le bus, où il est venu prendre le café, Adrian va droit au but. Son passeport en poche, il est venu pour la journée à Timisoara, essayer, après tant de portes closes et de refoulements, d’obtenir un visa touristique pour la France ou l’Espagne, où son père a déjà émigré. Cinq années d’études en théologie lui ont seulement permis d’obtenir un poste de professeur de latin, dans une petite école pour Roms, à trente kilomètres de Timisoara. Sans révolte, mais sans résignation non plus, il semble accepter son sort.

Dans la soirée, il nous invite dans son village. « Vous êtes mes hôtes pour ce soir », dit-il dans un sourire. Et, en montant dans le bus, il me confie avoir l’impression d’être des nôtres, et se sent bien. « Ce n’est pas de la honte, mais vous allez voir, c’est vraiment très modeste, chez moi. Il y a mes chèvres, mon cheval et mes poules. C’est tout. ». Sa maison, inachevée, il l’a construite avec son père et ses soeurs, dans l’architecture gitane très spécifique en Roumanie : des toits courbes et des fenêtres en bois, un style un peu baroque, qui rompt avec les maisons sobres du style communiste. Symboliquement, il nous fait passer par la grille principale, donnant sur le seul chemin de terre du village. « Voilà mon palace ». Dans sa chambre sans lumière, des icônes anciennes sont accrochées au mur. Adrian veut devenir prêtre orthodoxe, comme son père. Mais, à 24 ans, il n’est pas encore prêt à se marier, condition obligatoire pour la prêtrise. Il travaille à la ferme, pour nourrir sa famille, son père étant parti, il est maintenant le seul homme au foyer.

Pourtant, malgré l’odeur des foins, le chant des coqs et une vie de village chaleureuse, sa place n’est pas ici. « Je voudrais achever mes études, et approfondir la théologie, ici je suis enfermé. Ce n’est pas ma vie. Je veux gagner de l’argent, je sais que ça n’est pas tout, mais croyez-moi, quand on n’a rien, on ne pense qu’à ça !». Une panne inopinée de bus nous empêchera de passer la nuit avec lui, dans les montagnes environnantes. Mais ces quelques heures partagées nous ont fait découvrir un autre visage de la Roumanie, une générosité inédite et si souvent décriée par les Roumains eux-mêmes : l’hospitalité et la détresse des Roms des campagnes, auxquels aucun avenir professionnel n’est permis dans leur propre pays, semble-t-il....

Aurélie.



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