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Le vieil homme et la mer...

"Alors papy, tu racontes encore tes histoires de bateau?"... Abdoulaziz a encore frappé et à en croire les interpellations amusées de ses voisins de quartier, ce n'est pas la première fois que le vieil homme est pris sur le fait! Au pas de course, tous derrière et lui devant à travers les sombres ruelles de Quetta, il se montre pressé de nous mener, Isa et moi, à sa caverne pour boire le thé, évoquant fiévreusement avec un air jovial et la voix d'un jeune homme, les ports de Bordeaux et du Havre, la douceur de l'Italie, la modernité de Tokyo et les plages du Brésil. Mais a-t-il donc été partout, cet homme? Partout! "J'ai vu le monde entier, tous les pays! J'ai travaillé plus de vingt ans en tant que manoeuvre sur un cargo pakistanais." Les mains émues, il tire de sa poche une photo jaunie de lui à vingt ans, le regard ténébreux et conquérant, cette chansonnette de marin au bout des lèvres: "il est fier mon navire, il est beau mon vaisseau"...

Au fond de la cour, entre quatre murs bleus azur: un matelas, un vieux pyjama pendu au fil à linge, une grosse horloge d'usine arrêtée sur 7 heures, des photos de Lady Di collées sur un carton et une collection de cartes postales de villes étrangères.

A peine le temps d'observer autour de nous les quelques objets qui attrappent le regard, qu'Abdulaziz file dans son cagibi. Les bras chargés de cadres poussiéreux, qu'il époussette d'un preste coup de chiffon, il sourit... Sous le verre, des portraits de Kate Winslet (la Belle du Titanic) entourent une grande photo d'Abdulaziz Di Caprio en uniforme. On ne saura jamais qui de la belle ou du navire l'a plus impressionné, mais l'émotion est là...

Et pourtant, la vie de marin n'a rien d'une vie facile... et Abdulaziz est le premier à décourager son neveu de répondre à la petite annonce parue dans le journal local, l'invitant à rejoindre la flotte commerciale. Lui même, il y a 30 ans de cela, est parti un beau jour faire carrière sur les mers, répondant à une annonce du même type. Avec deux mois et demi de repos par an, pour revoir ses proches, le reste du temps il l'a passé sur "son bateau", embarquant pour de longues durées, un an, parfois deux. "C'était très long, mais les cargos pakistanais sont très sûrs, et l'ambiance à bord est saine. Ce n'est pas comme chez les Américains; eux ils boivent, et parfois ils se battent. Chez nous ça n'était pas comme ça!" Sur ses petits livrets de bord, Abdulaziz nous fait remarquer les appréciations de ses supérieurs: "VG, Very Good, c'est écrit partout!"

Pourtant, il n'en va pas du même enthousiasme pour ceux qui attendent son retour au logis. Sa femme, après avois avorté quatre fois, l'a quitté pour retourner chez ses parents. Pour lui, c'est comme s'il avait perdu ses quatre enfants; aujourd'hui il vit seul, avec ses souvenirs qui emplissent ses tiroirs, un peu amer. Dans sa chambre, des objets rapportés des quatre coins du monde reposent derrière une vitre, attendant pour revivre les improbables visiteurs croisés dans les rues de Quetta...

Aurélie et Isa

 

 

 

 



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