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PENDANT CE TEMPS LA, EN AFGHANISTAN...

"Soyez ici pour témoigner, pour dire à vos familles, à vos amis, ce que vous avez entendu ici, l'horreur et les souffrances des Afghans, l'espoir de ces hommes et de ces femmes de n'être pas seuls à se battre, l'espoir d'être soutenus à l'étranger"

Notre venue au camp, pour les femmes de RAWA, pour tous ceux qui se sont engagés dans la résistance contre le fondamentalisme en Afghanistan, est une nouvelle source d'espoir. Notre venue, comme celle de n'importe quel étranger ou journaliste. C'est l'occasion de dire un peu et de dire mieux la réalité en cours derrière les murs de silence dressés depuis quelques années autour du pays. Un moyen de sensibiliser à ce que les Talibans consciencieusement cachent aux yeux du monde extérieur, en contrôlant l'information, en surveillant les entrées de reporters étrangers, en baillonnant et en éliminant les témoins gênants.

De tous les récits de vie, de guerre et de tortures qu'il nous a été donné d'entendre au cours de ces deux jours, nous nous devions d'en retranscrire quelques uns. Par engagement auprès de leurs auteurs, et parce que cela dépasse de trop loin ce que l'on peut imaginer. Cet article n'est toutefois qu'un témoignage de seconde main, et ne prétend pas décrire un pays où nous ne sommes pas allés.

Les histoires tragiques se multiplient dans un Afghanistan au bord de l'asphyxie. Les affres de la guerre civile renchérissent les persécutions quotidiennes du régime des Talibans; les camps s'affrontent avec une rage sauvage, rasant des villages entiers dans d'épouvantables boucheries. De ce drame, les survivants témoignent. Un homme a vu quatorze villages alentours, dont le sien, détruits. Il est le seul rescapé du massacre. Depuis, il ne fait que témoigner, revivant chaque jour par les mots le calvaire qui lui a enlevé toute sa famille.

Au travers d'une vidéo, réalisée par une Anglaise pour la BBC, avec l'aide de RAWA, nous avons vu quelques images filmées clandestinement de ce désert de ruines qu'est l'Afghanistan. Arrivée dans un village juste après un massacre, la réalisatrice témoigne: trois petites filles sont en train de pleurer au seuil de leur maison. Elles n'ont pas arrêté depuis que les Talibans sont entrés chez elles il y a deux semaines. Ils ont commencé par faire sortir le père, puis, devant les yeux de ses trois enfants, ont tué la mère. Ils sont restés deux jours entiers, le corps était encore dans la maison. Lorsqu'on leur demande ce qu'ils ont fait pendant ces deux jours, les petites filles, en pleurant, baissent la tête.

Dans la petite salle de l'orphelinat du camp de réfugiés, une femme d'une vingtaine d'années prend soudain la parole. Elle parle doucement, mais tout le monde l'écoute. Elle revient tout juste d'Afghanistan, et nous raconte les dernières inventions des Talibans pour apeurer la population et perpétrer leurs crimes. Certaines femmes soutenant les Talibans, ont coutume d'entrer dans les magasins, vêtues d'une burqa (voile islamique qui recouvre les femmes de la tête aux pieds, et qui comporte une grille à la hauteur des yeux) portée à l'envers, attendant que le tenancier les avertisse de leur méprise, car cela est très mal perçu pour une femme de porter le voile de travers. Suite à quoi, elles demandent à aller se changer au fond du magasin. Les Talibans font alors leur entrée, surprenant l'homme en présence d'une femme "nue" qui n'est pas la sienne, ce qui est passible de la peine de mort. Non contents de leurs droits, ils pillent alors le magasin, et emprisonnent son propriétaire pour l'empêcher de parler.

Un autre drame vécu par les familles, et de plus en plus fréquent, est le traffic d'organes mis en place par les Talibans. Certains d'entre eux vont même jusqu'à se déguiser en femme et porter la burqa pour enlever discrètement des enfants dans les rues. Récemment, une femme a retrouvé son fils de sept ans, disparu depuis une semaine, drogué devant sa porte, avec 500$ en poche et le flanc recousu. On lui avait enlevé un rein.

Eux qui arpentent les rues de Kaboul à bords de grosses voitures exubérantes, hurlant, criant, perchés aux vitres de leur véhicules, des fusils dans les mains, pour montrer leur pouvoir, ces gens là, pillant les fortunes et les coeurs, sont de vrais assassins. Avec une ironie absurde, ces fondamentalistes qui condamnent les femmes adultères sont connus et craints pour les viols à répétition et les mariages temporaires conclus avec de jeunes femmes Afghanes, la plupart du temps non consentantes. Sur le point de subir ce triste sort, certaines se suicident pour ne pas devenir un simple objet sexuel. Lorsqu'ils exécutent leurs victimes, au nom de la loi et de l'ordre, ils le font en public, et devant les enfants.

Le grand stade de foot de Kaboul est ainsi devenu une arène où, chaque vendredi, "justice" est rendue sans autre forme de procès. On y traîne, sous les yeux de centaines de spectateurs, volontaires ou forcés, des femmes en burqa que l'on exécute d'une balle dans la tête ou qu'on lapide à mort, parce qu'elles ont commis l'adultère. Aux poteaux de but, les "traîtres" sont pendus. Dans un documentaire de la BBC, un Taliban déclare: "Nous avons besoin d'un lieu pour effectuer ces exécutions, mais nous n'avons pas les moyens d'en construire un autre. Si la communauté internationale nous aide à le financer, nous pourrons utiliser le stade pour jouer au foot."

Il est difficile de savoir à quel point la population soutient, ou tolère le régime Taliban. Selon Mareena, outre les mollahs (chefs religieux) et les étudiants des madresseh drogués au Coran, seule une minorité de fondamentalistes en défend l'idéologie. Le reste, la grande majorité des Talibans, est de la simple main d'oeuvre appâtée par le gain. Profitant d'une situation économique désastreuse, ils achètent ainsi le silence tacite d'une partie d'une population affamée. Financés en partie par des puissances extérieures et par divers trafics, ils offrent aux hommes la somme énorme de 30.000 rupees par jour (plus de 3000F) pour aller en première ligne de front. Entre mourir de faim et risquer sa vie pour cette somme, certains préfèrent conclure une alliance douloureuse.

Vivant dans la terreur des punitions et des exécutions arbitraires, les femmes n'ont pas le droit d'étudier ni de travailler, ni même de sortir de chez elle si elles ne sont pas accompagnées d'un parent masculin. Lorsqu'elles sont veuves, situation plus que courante dans un pays en guerre, elles en sont réduites à mendier ou à se prostituer pour nourrir leurs enfants. Parfois même, pour survivre, à vendre tous leurs biens, voire leurs propres enfants. Elles souffrent d'une pénurie de soins médicaux, puisque les femmes qui seules pourraient les soigner n'ont même pas le droit d'exercer. En masse, sans visage, elles se recroquevillent dans les rues, protégeant leurs enfants sous leurs voiles. Certaines d'entre elles étaient d'éminents professeurs, des médecins, privées aujourd'hui de toute activité. La mère de Mareena, il y a à peine plus de vingt ans, allait à l'université en jeans. Que s'est-il donc passé? Et quel espoir pour les Afghans, après vingt ans de guerre civile, de massacres, de fondamentalisme acharné? La prise de conscience tant espérée de cette barbarie par le reste du monde, par nos familles, par nos amis, par ceux qui nous lisent...

Nos sources sont les relais de RAWA, les réfugiés rencontrés dans le camp de Peshawar, et le documentaire de la BBC réalisé en 2000. Les photos proviennent de RAWA, et du camp de réfugiés.

Aurélie

 

 



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